Participent aux échanges : Roland CASH : Économiste de la santé Philippe BESSET : vice-président de la FSPF La table ronde est animée par Sylvie FONTLUPT. Sylvie FONLUPT : Le président de la République a engagé la réforme de la santé afin de pousser les différents acteurs à mieux s’organiser, dans une logique d’offreurs de services. Une nouvelle mécanique d’offreurs de soins se dessine. Quel en sera l’impact économique ? C’est à cette question que nous allons tenter de répondre. La réorganisation va-t-elle dans le sens d’une meilleure affectation des ressources ? Roland CASH : Les libéraux sont évidemment des offreurs de services. Si l’on se repose la question, c’est parce que les patients estiment que les services ne sont pas toujours rendus. Ainsi, certains délais d’accès aux professionnels sont très longs. Il fallait donc trouver des modalités pour y remédier. La réponse ne pouvait pas être qu’individuelle. Nous avions besoin de nouvelles organisations regroupées, d’où les mesures envisagées dans le cadre de la réforme. Les services aux patients seront rendus de façon généralisée. Il s’agit d’une révolution dans l’organisation des soins. Ce n’est pas la structure qui sera rémunérée, mais le service rendu. Il s’agit d’une opportunité pour faire évoluer le système. Sylvie FONLUPT : Qu’est-ce que l’approche populationnelle, qui est dorénavant demandée aux professionnels de santé, est susceptible de changer ? Est-elle positive pour les professionnels de santé ? Roland CASH : L’objectif est que cette mesure soit positive pour la population. Tout dépend des moyens qui seront affectés aux structures pour qu’elles prennent en charge ces nouvelles missions transversales. Avec un bon calibrage, tout le monde devrait pouvoir y trouver son compte. Sylvie FONLUPT : Cette réforme est-elle lisible ? Correspond-elle aux attentes du CNPS ? Philippe BESSET : Nous avons accueilli favorablement la création des CPTS. Nous pensons que cette organisation est lisible. Globalement, les CPTS auront des missions de communication. Elles seront les offices du tourisme de la santé sur un territoire donné, ce qui est important. Par ailleurs, les professionnels pourront mieux communiquer entre eux. Souvent, ils n’ont pas le temps de se parler. Les CPTS permettront également aux communautés de remonter leurs besoins. Pour autant, elles ne révolutionneront probablement pas l’exercice des métiers de la santé au quotidien. Sylvie FONTLUPT : Êtes-vous d’accord ? Roland CASH : Tout dépend de l’appropriation du dispositif par les acteurs. Les premières CPTS incitent à l’optimisme, mais elles sont le fait des personnes les plus motivées. De la salle : Comment l’hôpital local se situe-t-il dans tout ce maillage ? Roland CASH : L’idée consiste à avoir un établissement qui fonctionne de manière étroite avec les professions de santé libérales. Peu importent les murs et les localisations. Certains établissements fonctionnent déjà sur ce mode, de façon très intégrée. Même dans les hôpitaux de proximité, il existe souvent une séparation entre le libéral et l’hospitalier. Philippe BESSET : Beaucoup de médecins libéraux exercent seuls. Ils n’ont pas vraiment envie de changer et nous ne parviendrons probablement pas à les en convaincre. À côté de cela, les nouvelles générations sont demandeuses d’exercices coordonnés. La préparation de l’avenir est tout l’enjeu de la CPTS. Les moyens financiers qui seront affectés à ces structures me semblent très justes. << 2/6 : Article précédent Article suivant : 4/6 >>