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Participent aux échanges :
Michel CHASSANG, président du groupe des professions libérales au CESE, pilote de l’expérimentation sur la participation citoyenne
Bastien LE DANTEC, vice-président Santé de la FAGE
Philippe BESSET, président de la FSPF
Catherine MOJAÏSKY, secrétaire générale du CNPS


Sylvie FONLUPT

Le syndicat des chirurgiens-dentistes a connu une expérience particulière, avec l’intervention d’une ministre qui a mis fin à la négociation en cours.

Catherine MOJAÏSKY

Nous avons effectivement vécu une situation très compliquée. Nous avions déjà connu des difficultés en 1998, avec les prémisses du rééquilibrage de la dernière convention. La perte de confiance qui a marqué notre profession reste très présente. La loi de 2004 devait sécuriser le dispositif. En 2016, nous avions engagé une négociation sur une modification du modèle économique de l’activité dentaire. Elle était partie sur de bonnes bases, même si elle demandait du temps. Avant les élections présidentielles, la précédente ministre nous a imposé un calendrier très court, avec la menace d’un règlement arbitral en cas d’échec. Théoriquement, ce n’était pas possible, car nous n’étions pas dans un vide conventionnel. Pourtant, le Parlement a validé cette option. La négociation n’a pas pu aboutir. La proposition qui nous a été faite a été rejetée par les organisations représentatives. Un règlement arbitral a donc été imposé par l’État. Le seul moyen d’en sortir est de signer une nouvelle convention. Heureusement, la nouvelle ministre a été plus à l’écoute. La situation s’est pacifiée mais nous avons été décrédibilisés. Il nous sera difficile de nous en remettre.

Sylvie FONLUPT

Comment donner plus de visibilité à la représentativité des syndicats ?

Philippe BESSET

Nous sommes parfois confrontés à des conflits de représentativité. La signature des syndicats engage les professionnels sur des sujets extrêmement importants. La légitimité vient du vote. Il en est de même du Parlement, avec lequel nous pouvons nous retrouver en opposition. Nous le vivons mal. Néanmoins, nous devons respecter cette règle. Cela ne nous empêche pas de faire valoir nos arguments devant l’opinion publique. Objectivement, Marisol Touraine n’a pas tiré les fruits de sa décision. Je pense que nous pouvons avoir confiance dans l’avenir du syndicalisme et espérer un renouveau.

Catherine MOJAÏSKY

Je n’ai pas ce même ressenti. Nous sommes une cible non respectée. Nous sommes régulièrement accusés de tous les maux. Certains jeunes confrères sont capables de s’engager, mais la situation est tout de même compliquée, notamment avec les réseaux sociaux. L’élection est un mode d’expression qui a tout son sens mais elle ne peut pas être le seul critère en ce qui concerne le syndicalisme. Cette situation n’est pas saine. Elle privilégie ceux qui sont opposés à tout.

Sylvie FONLUPT

Existe-t-il un clivage générationnel ?

Sylvie FONLUPT

Nous avons des missions syndicales, mais nous avons un périmètre d’intervention plus large. Nous défendons des projets d’innovation sociale, comme les épiceries sociales, pour répondre à la précarité. Nous organisons également des évènements nationaux autour de différentes thématiques, avec des formations, des groupes de travail pour construire des positions, etc.

Sylvie FONLUPT

Les jeunes ont-ils une propension à adhérer à des syndicats ?

Bastien LE DANTEC

Ils ne s’engagent pas moins, mais différemment.

Sylvie FONLUPT

Le CESE a expérimenté les débats citoyens. Est-ce une piste pour le syndicalisme ?

Michel CHASSANG

En tant que professionnels de santé, nous avons la chance de pouvoir négocier des conventions traduites in extenso dans la loi. Le rôle des syndicats est donc extrêmement fort. La démocratie française est une démocratie représentative. Des concepts plus ou moins nouveaux apparaissent en ce moment. Nous parlons de plus en plus de démocratie participative, avec des assemblées de citoyens ou la participation de citoyens à la décision publique. Plusieurs initiatives ont été menées en ce sens, notamment autour de plateformes, de pétitions, etc. Le CESE s’est impliqué fortement sur le sujet. Il a vocation à devenir un conseil de la participation citoyenne. L’objectif est de déboucher sur des contributions concrètes. Ces enjeux rejoignent la discussion que nous venons d’avoir. Dans ce contexte, quel est l’avenir des corps intermédiaires ? Quel est l’avenir du paritarisme et, plus largement, de la démocratie que nous connaissons ?

Nous devons nous préparer à ces évolutions. Il est possible de rendre tout cela complémentaire et de construire de nouveaux modes de consultation au sein de nos organisations.

Philippe BESSET

Nous devons intégrer les enjeux locaux, les nouvelles pratiques, etc. Les élections se jouent sur un bilan, mais surtout sur un projet. Nous devons travailler pour construire l’avenir.

Catherine MOJAÏSKY

Le CNPS avait élaboré une plateforme avant les élections présidentielles. Je ne vais pas revenir sur toutes les propositions, mais l’une d’entre elles concernait l’asymétrie des discussions conventionnelles. Il faudrait donner des moyens aux syndicats pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle.

Sylvie FONLUPT

Quel parcours envisagez-vous ? Allez-vous rejoindre un syndicat « senior » ?

Bastien LE DANTEC

Je vais finir mes études, puis je souhaite m’installer en libéral. Je me syndiquerai probablement, je pense déjà savoir où, et je ferai des propositions pour faire évoluer les modes de fonctionnement. 

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