Intervenants : Catherine LEMORTON : Présidente de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée nationale Chantal de SINGLY : ancienne Directrice de l’ARS d’Océan Indien, auteur du rapport « Ressources humaines et Projets régionaux de Santé » Sarah BARMIO : Présidente UNECD Anne DEHETRE : Présidente de la FNO Sarah HOARAU : Présidente FNEK Eric HENRY : Président du SML Daniel PAGUESSORHAYE : Président de la FFMKR, Président de l’UNPS La table ronde est animée par Sylvie FONTLUPT. Sylvie FONTLUPT : Je débuterai par une citation d’Oscar Wilde : « la nouvelle génération est épouvantable, j’aimerais tellement en faire partie ». Quelle est cette génération Y ? Elle diffère en tous points de celle qui l’a précédée. Elle est « digital native », est celle du global network, des selfies et des réseaux sociaux. Elle n’a pas connu la Guerre froide, ni le plein emploi, ni l’emploi pour la vie, ni l’assurance de percevoir une retraite. Elle a connu un pays endetté et avec un fort chômage. Cette génération Y est pragmatique face à des perspectives d’avenir incertaines, mais n’entend pas abdiquer ses rêvés. Elle est exigeante et veut tout à la fois : une activité dans laquelle elle s’implique, un métier provisoire qui lui permet d’assumer sa vie personnelle qui prime sur tout le reste. L’argent paraît secondaire, d’autant que la génération Y a inventé un modèle économique basé sur le partage. Ce n’est pas la propriété qui importe, mais l’usage. Cette génération sera au centre de nos discussions. Je vous propose de séquencer la table ronde autour de trois thématiques : le regard que la génération Y porte sur l’exercice ; la manière dont cette génération influera l’organisation des soins ; le passage de témoins entre générations. Sarah BARMIO, Présidente UNECD : Dans le portrait que vous avez dressé, des éléments sont vrais, d’autres pas. La génération X, voire la précédente, ne comprend pas la génération Y. Notre génération est digital native, a vu Internet arriver et maîtrise les outils mieux que la précédente. A l’arrivée de l’imprimerie, une scission a été observée. Notre génération observe un changement des codes et du partage. Elle rejette la politique traditionnelle et veut tout obtenir immédiatement. Le Y qui la désigne est un jeu de mot avec « why », car cette génération veut comprendre les règles pour les respecter. Si elle ne croit pas en certains projets, elle ne s’investit pas. Sarah HOARAU, Présidente FNEK : Cette impatience est le reflet de notre incapacité à nous projeter. Nous ne savons pas si nous percevrons des retraites et nous investissons dans le quotidien. Nous ne sommes pas réellement « digital native », puisque les Smartphones n’existaient pas pendant notre enfance. Nous sommes à la fin de la génération Y, car nous sommes nés dans les années 1990 alors que la génération Y débute avec les années 1980. Sylvie FONTLUPT : Votre génération est attirée par l’exercice indépendant. Comment vous projetez-vous en tant qu’étudiante ? Sarah HOARAU : Je ne me projette pas. Je suis en année de césure pour l’associatif. Je ne sais pas si je poursuivrai mes études une fois diplômée, si je partirai voyager à l’étranger ou exercerai quelques années en remplacement ou en intérim, le temps de me projeter davantage. L’exercice libéral nous attire, car il nous permet d’adapter nos pratiques à nos envies. Nous pouvons travailler plus pour gagner plus, mais aussi décider de prendre davantage de temps pour nos loisirs ou nos voyages. Sylvie FONTLUPT : Une majorité des chirurgiens-dentistes travaille en libéral. Sarah BARMIO : 90 % des jeunes privilégient effectivement une pratique libérale. Nous sommes individualistes pour nos projets personnels. Certains exercent deux métiers en parallèle : un pour gagner leur vie et l’autre par passion. Nous sommes davantage collaboratifs et privilégions une communauté avec laquelle nous partageons des valeurs. J’aimerai exercer dans une maison de santé pluridisciplinaire, car la prise en charge du patient peut être totale. Sophie BOURY, Présidente de la FNEO (étudiants orthophonistes) : J’ai du mal à me projeter, d’autant que je suis également en année de césure. De nombreux étudiants s’orientent vers le libéral pour conserver leur indépendance. D’autres privilégient une pratique mixte avec du libéral et du salariat, notamment en milieu hospitalier. Sarah BARMIO : Les opportunités sont tellement nombreuses que nous voulons prendre le temps de réfléchir afin d’être sûrs de faire le bon choix. Je commencerai par une collaboration salariale pour exercer dans plusieurs cabinets. Sarah HOARAU : L’exercice libéral semble compliqué, d’autant que nous ne sommes pas formés. Le salariat me semble également intéressant. Sylvie FONTLUPT : Voulez-vous travailler moins ? Les médecins ont réduit leur temps de travail. Trouvez-vous que vos aînés travaillent trop ? Sarah HOARAU : Je ne travaille pas encore et ne peux donc répondre à cette question. Sylvie FONTLUPT : Comment envisagez-vous l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ? Sarah HOARAU : J’ai choisi cette profession qui me plaît. Si l’exercice est satisfaisant, nous pouvons nous y épanouir et il n’est alors pas nécessaire de dissocier vie professionnelle et vie privée. Ce n’est pas un équilibre entre le temps de travail et la vie privée, mais un équilibre général. Sarah BARMIO : Le mélange entre vie privée et vie professionnelle ne me semble pas choquant. Répondre à des mails professionnels le week-end ne me semble pas problématique. Avec les outils qui permettent d’échanger constamment, il ne nous semble pas anormal de mêler les deux. Si les chirurgiens-dentistes travaillent 70 heures, travailler moins ne signifie pas travailler 20 heures par semaine, mais 50. Les chirurgiens-dentistes allongent la durée des séquences de soins et prennent mieux en charge le patient. L’efficacité caractérise notre génération. Sylvie FONTLUPT : Comment réagissez-vous à ces propos ? Que pensez-vous de la préparation des jeunes à l’exercice libéral ? Daniel PAGUESSORHAYE, Président de la FFMKR : Mon grand-père, né en 1894, n’était pas étonné par les multiples avancées technologiques puisque les personnes s’adaptent constamment. Les Smartphones sont aujourd'hui un outil utile pour tous. La segmentation des générations me semble étrange. Avant de m’installer, j’étais salarié, pour des raisons familiales, puis me suis installé en libéral. Je ne savais pas, non plus, à l’issue de mes études, comment me projeter. Sarah HOARAU : Je me suis fait la même réflexion. Il ne semble pas utile de dissocier les générations dans l’exercice de nos professions. L’avenir de nos professions devra être co-construit, de manière intergénérationnelle. Daniel PAGUESSORHAYE : Après des années de travail avec les tutelles, nous avons abouti à une réforme de la formation initiale. Nous aurons une année de formation à l’université puis quatre années en institut, soit cinq ans d’étude au lieu de trois, ce qui nous inscrira dans le système LMD. Cette amélioration nous permettra de mieux former les jeunes, en augmentant les stages en libéral. Les étudiants pourront ainsi se former à l’administratif et mieux se répartir au niveau territorial. Catherine LEMORTON, Présidente de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée nationale : Les nouveaux politiques s’inscrivent aussi dans l’immédiateté. Les jeunes ne savent pas ce qu’ils veulent faire, pour des raisons différentes. Les jeunes diplômés dans les années 1980 n’avaient pas peur de leur avenir. La société actuelle est pleine d’incertitudes et c’est une société guerrière. L’insécurité explique cette absence de projections. La pratique libérale est devenue une forme d’aliénation puisque les patients veulent être pris en charge immédiatement. Chantal de SINGLY, ancienne Directrice de l’ARS d’Océan Indien, auteur du rapport « Ressources humaines et Projets régionaux de Santé » : Il me semble normal de mieux prendre en compte la vie privée. L’ARS doit faire des projections. Or, dans le cadre des premiers projets régionaux de santé, l’ARS l’a fait sans prendre en compte les ressources humaines. Créer un CHU à Mayotte sans intégrer la dimension humaine s’avère problématique. Il faut s’interroger sur le nombre de professionnels à former et sur le type de vie que ces professionnels voudront avoir. Garder des portes ouvertes semble normal, comme le fait de changer régulièrement de métiers dans sa vie. Il est impossible d’offrir une réponse immédiate à une demande de soins, sauf aux urgences de l’hôpital, mais les libéraux peuvent éduquer leurs patients pour qu’ils changent leur vision. L’ARS ne doit pas tout réguler : il vaut mieux s’appuyer sur les envies et la motivation des différents acteurs. La nouvelle génération modifiera sans doute l’exercice des professionnels de santé, ce qui est normal puisque la société change. Sylvie FONTLUPT : Anne Dehetre, votre métier est presque exclusivement féminin, davantage que celui des sages-femmes. Quelles sont les conséquences en termes d’organisation des soins ? Anne DEHETRE, Présidente de la FNO : Nous sommes effectivement la profession la plus féminisée, depuis longtemps, mais aussi une des professions les plus libérales puisque 80 % de la profession exerce en libéral. La profession est regroupée depuis longtemps, ce qui a permis de ménager l’exercice professionnel très prenant. Malgré la féminisation des professions libérales de la CARPIMKO, le revenu moyen n’a pas baissé. Le calcul des besoins de soins et du quota d’étudiants admis en formation pose problème pour résoudre les problèmes de remplacement de congé maternité, notamment. Sylvie FONTLUPT : Comment évaluez-vous le besoin des patients ? Chantal de SINGLY : La prospective sur les médecins est réalisée avec l’université tandis que la prospective pour les autres professionnels de santé s’effectue au niveau régional. Nous préconisons une approche décloisonnée des professionnels. Sylvie FONTLUPT : Intéressons-nous maintenant au passage de témoins entre générations. Une négociation a lieu sur la mise en place d’une rémunération interprofessionnelle Daniel PAGUESSORHAYE : Nous avons fait l’objet avec les infirmiers d’un rapport de la Cour des comptes que nous jugeons inacceptables. Nos dépenses augmentent de 5 % par an, ainsi que nos effectifs. Soit les médecins prescripteurs prescrivent à tort et à travers, Le numerus clausus prévoit de former 2 500 masseurs-kinésithérapeutes, mais 1 800 diplômés étrangers arrivent chaque année. Malgré ces 4 000 nouvelles arrivées, les professionnels ne trouvent pas de remplaçants. Concernant les besoins de soin, il a été indiqué, il y a quelques années, qu’il faudrait une pharmacie pour 2 500 habitants. Des besoins devraient peut-être être définis afin de passer des conventionnements. Sylvie FONTLUPT : Le PLFSS prévoit 3,4 milliards d'euros d’économies. Avec le virage ambulatoire, les masseurs-kinésithérapeutes géreront les sorties précoces d’hôpital. Catherine LEMORTON : Le rapport de la Cour des comptes a ému l’ensemble de la représentation nationale. Il est normal que les kinésithérapeutes et les infirmiers, professions prescrites, se concentrent là où se trouvent les prescripteurs. Sur l’ambulatoire en sortie d’hospitalisation, la France obtient des résultats bien inférieurs aux autres pays. Vous dites que les soins de ville sont impactés, mais l’hôpital l’est aussi. Une fois le virage amorcé, les soins de ville devront être bien organisés, en donnant les moyens nécessaires au soin de ville. L’ONDAM devra différencier les soins de ville et l’hôpital. L’hôpital est ouvert 24 heures sur 24 et accueille les personnes accidentées, mais aussi parfois les malades, car il existe un réflexe hospitalier. Les transferts vers les soins ambulatoires seront accrus. Sylvie FONTLUPT : Les moyens sont peut-être insuffisants pour les soins libéraux. Catherine LEMORTON : Une maison pluridisciplinaire coûte, toutes aides additionnées des collectivités territoriales, de l’ARS, de l’assurance maladie… entre 500 000 euros et deux millions d'euros. Est-ce que notre pays a les moyens d’assurer l’offre de soins pour nos concitoyens en investissant autant d’argent dans les maisons pluridisciplinaires. Les jeunes sont formés au sein des CHU, à l’hyper-technicité. Je comprends que les jeunes n’aient pas envie de s’installer tout seul dans un territoire et qu’il préfère travailler en pluricollégialité. Il faudra penser au transfert de compétences. En France, une profession prescrit. L’offre de soins en ambulatoire sera optimisée quand les transferts de compétences le seront aussi. Les masseurs-kinésithérapeutes peuvent intervenir sans prescription. Les orthophonistes peuvent établir le protocole de soins. Les infirmiers se sont organisés pour travailler en continuité de soins et répondent à la demande de soins. Daniel PAGUESSORHAYE : Toutes les professions veulent travailler en coordination. Nous travaillons déjà comme cela et souhaitons une plus forte structuration. A cause de problèmes politiques, nous allons perdre trois ans avant de mettre en place la coordination. Des solutions peuvent être rapidement appliquées, à condition de mettre les moyens. Sylvie FONTLUPT : Comment mettre en place les maisons pluridisciplinaires ? Eric HENRY, Président du SML : C’est en s’opposant qu’on se pose. Il faut que chaque génération invente la médecine qu’elle souhaite. Je ne me sens pas aliéné par l'exercice libéral. Le libéral, comme l’hôpital, est ouvert 24 heures sur 24 et répond à 75 % des demandes sur le territoire. Je suis favorable à la parité dans le métier. La jeune génération est composée de femmes qui travailleront moins. Dans le métier, les hommes travaillent 59 heures et les femmes 46 heures par semaine. Elles gagnent toutefois bien moins d’argent. Les femmes nous obligent à revoir l’exercice de notre métier. Chantal de SINGLY : Les ARS peuvent innover dans les organisations de travail. L’exercice partagé est tout à fait possible. Nous avons recruté, à la Réunion, dans un lieu isolé, une jeune femme qui exercera pour moitié à l’hôpital et pour moitié en libéral. Les ARS peuvent proposer des solutions. Sylvie FONTLUPT : Le PTMG a facilité l’arrivée et la stabilisation de jeunes médecins. Catherine LEMORTON : Le budget des ARS a fortement augmenté depuis 2012. Le fonds d’intervention régional sert aux expérimentations. Quand un dispositif fonctionne, il doit être étendu. Eric HENRY : Ce n’est pas un transfert, mais une délégation. Catherine LEMORTON : Quand un professionnel prend la compétence, dès lors qu’il est formé, il doit porter la responsabilité. A défaut, les médecins n’accepteront pas une telle solution. Eric HENRY : Nous serons dans la coordination responsable du parcours de soins du patient. Sylvie FONTLUPT : Pouvez-vous nous parler du compagnonnage ? Eric HENRY : Je suis maître de stage depuis 15 ans. De nombreux étudiants subissent des pressions pour s’orienter vers telles ou telles spécialités. Deux médecins sur trois ne recommanderaient pas à ses enfants de suivre des études de médecine. Un tuteur peut orienter son filleul, l’adresser aux interlocuteurs de la spécialité qui l’intéresse et faire régulièrement des points avec lui. L’examen classant pose problème dans le fait qu’il laisse penser qu’ils sont généralistes faute d’être autre chose. L’artisanat privilégie l’apprentissage auprès de nombreux professionnels. La qualité devrait être privilégiée à un examen classant. Sarah HOARAU : Il me semble qu’il existe un problème quant à la difficulté de dialogue entre les différents acteurs. Il s’avère nécessaire de repenser l’exercice des professionnels de santé, sans corporatisme. Si nous ne parvenons pas à dialoguer, nous en paierons le prix. Sarah BARMIO : La délégation de tâches divise la profession dentaire. Nous devrons y réfléchir, au niveau européen. Je pense que l’inter-professionnalité doit être développée, y compris dans la formation, avec un socle commun de formation et une transversalité. La féminisation n’est pas problématique, d’autant que les congés maternité permettent aux jeunes d’exercer et que les hommes prennent de plus en plus des congés de paternité. Anne DEHETRE : Nos tutelles ne connaissent pas toujours bien nos professions, ce qui peut être problématique pour l’inter-professionnalité. Les tutelles rechignent à trouver des formations initiales communes pour favoriser l’inter-professionnalité, voire cherchent à exacerber les barrières. Sarah BARMIO : Dans le cadre de la Conférence de la Santé, le groupe de travail formation travaille sur la mutualisation des socles de compétences et de connaissances, en privilégiant la transversalité. Un projet porte sur la LMD Santé. Sarah HOARAU : Nous sommes effectivement prêts à supprimer certaines barrières. La formation initiale doit évoquer l’inter-professionnalité qui permettra la coordination des acteurs. Ces formations pourraient mêler les étudiants de plusieurs disciplines, dans une approche plus horizontale. Daniel PAGUESSORHAYE : Les compétences s’acquièrent et ne se délèguent pas. Dans certains pays, des intermédiaires permettent de faire l’interface entre les médecins et les auxiliaires médicaux. Dans d’autres pays, les physiothérapeutes trient ainsi mieux les patients en orthopédie que les chirurgiens qui ont moins le temps de le faire. Une participante, orthophoniste Vous n’avez pas abordé le sujet des professionnels formés à l’étranger. Sarah HOARAU : Il n’est pas étonnant que certains contournent le système de numerus clausus en se formant à l’étranger. Je ne suis pas révoltée contre ces étudiants, mais contre le système français. Nous réussissons le concours, mais payons nos études, comme ceux qui les suivent à l’étranger. Alors qu’il existe un besoin, pourquoi empêcher des jeunes qui veulent exercer ce métier de le faire ? Sylvie FONTLUPT : Faut-il encadrer davantage l’entrée des professionnels à diplômes étrangers ? Catherine LEMORTON : Cette formation à l’étranger renforce les inégalités, car seuls qui ont les moyens peuvent suivre ces formations. Certains pays commencent à procéder à un tirage au sort pour choisir les étudiants. Si le numerus clausus augmente en France, pourrons-nous pour autant disposer d’une meilleure répartition territoriale ? Eric HENRY : Le numerus clausus des médecins est passé de 3 500 à 7 500. Des passerelles permettent en outre d’éviter la première année. Tous ces éléments ne permettent toutefois pas de résoudre le problème des zones peu attractives. Catherine LEMORTON : J’entends la volonté d’avoir des services publics et un environnement attractif qui vaut pour toutes les professions. Sarah BARMIO : Quand le numerus clausus a augmenté, les moyens n’ont pas suivi. Le temps de formation clinique a été divisé par trois en dentaire. L’offre de formation ne peut augmenter sans moyen supplémentaire. Le numerus clausus national est dépassé dans le cadre de la libre circulation européenne. << 3/5 : Article précédent Article suivant : 5/5 >>